Docteure Marine F. : A5 à l’étranger, internat privé & public, un parcours atypique

Aujourd’hui, nous vous retrouvons pour notre première interview de véto ! Nous sommes ravies pour cette première rencontre de vous présenter Marine F., vétérinaire canin et amie, au parcours peu commun. Avec elle nous allons aborder un large éventail de sujets, allant de la A5 à l’étranger jusqu’à l’internat public en passant par l’internat privé ! Et oui, tout ça ! 

Bonjour Marine, merci d’avoir accepté cet échange. Nous sommes sûres que ton parcours pourra éclairer un grand nombre d’étudiants et de jeunes vétérinaires. Peux-tu te présenter rapidement, nous dire d’où tu viens et quel est ton parcours initial jusqu’à l’école vétérinaire ? 

Je m’appelle Marine, j’ai 28 ans, je viens du Beaujolais à côté de Lyon (comme Pauline 😉 ). J’ai fait un bac S et ensuite je suis partie deux ans en prépa au Lycée du Parc (comme Pauline 😉 ). Je n’ai pas réussi les concours du premier coup. Je suis donc partie un an à la fac à Montpellier où j’ai basculé directement en licence 2. J’étais dans une filière spécialisée pour préparer les concours. A l’issue de cette année j’ai repassé les concours (voie B-ENV) et j’ai pu intégrer l’école vétérinaire à Toulouse, en 2013. 

Quand et comment as-tu su que tu voulais exercer avec les animaux de compagnie ? 

Assez rapidement je pense. L’avantage à l’école c’est qu’on fait de toutes les disciplines. En première année, on fait pas mal de bovine. À ce moment-là je me suis dit “bon pourquoi pas ?…” et puis après “pourquoi pas un peu d’équine ?” Mais finalement je pense qu’au fond c’était toujours la canine qui m’intéressait le plus. J’ai toujours eu des animaux depuis toute petite. Les autres domaines c’était plus une passade mais au fond c’était les animaux de compagnie mon choix depuis assez longtemps. 

Quel a été ton choix de cinquième année et pourquoi ? 

J’ai fait une A5 canine et je suis partie à Ste Hyacinthe au Canada. À la base ce choix me motivait car c’était une des dernières occasions de voyager un petit peu à l’école pour voir à l’étranger comment ça se passait. On avait aussi de bons retours de tous les anciens étudiants qui étaient allés à Ste Hyacinthe. 

Voilà c’était vraiment cette envie de faire la A5 à l’étranger et d’aller rencontrer du monde de l’autre côté de l’Atlantique. Je voulais aussi voir une autre manière de faire. C’est bien connu que les canadiens et même les américains n’ont pas forcément la même manière de travailler qu’en Europe. Effectivement c’est le cas. C’était donc pour voir des choses différentes sur cette dernière année. 

Comment se passe l’admission pour cette année ? 

Si ça n’a pas changé il faut les notes à partir de la 3ème année d’école véto il me semble, avec un dossier de candidature (lettre de motivation etc…). On est sélectionné par l’école française qui choisit quel candidat présenter. Voilà, c’est une sélection principalement sur les notes. 

Est ce que tu conseillerais cette année à l’étranger à d’autres étudiants et pourquoi ? 

Oui, franchement oui. C’est l’occasion de faire une année à l’étranger, c’est enrichissant d’un point de vue personnel. D’un point de vue professionnel, on voit vraiment d’autres manières de travailler dans un profil académique. On se rend compte que finalement il y a plein de médecines différentes ! Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas tous de la même manière que ce n’est pas bien… De voir une autre manière de travailler dans un cursus académique c’est vraiment intéressant tant d’un point de vue des connaissances que d’un point de vue humain. 

Donc vraiment je le conseille que ce soit en Europe ou outre Atlantique. L’avantage avec le Canada c’est qu’ils sont francophones 😉 😉 

Qu’as-tu fait après ta A5 ? Comment as-tu fait ce choix ? 

Je suis partie dans un internat privé d’une petite structure vers Lyon. C’est un profil d’internat privé un peu particulier (je pense que Pauline tu auras peut-être déjà expliqué parce qu’on a fait la même chose).

Et non pas encore expliqué mais j’y viendrais ! Et oui vous l’aurez compris avec Marine on ne s’est pas souvent quittées 😉 

À la base je n’étais pas du tout tentée par un internat privé, c’était vraiment pour me lancer et être encadrée. Comme j’étais allé au Canada, je n’avais pas du tout fait de gardes en cinquième année donc je n’étais pas du tout autonome sur ce point. Dans l’internat ça me plaisait d’être encadrée, sur les premiers mois, pour avoir un retour sur mon travail et puis prendre de l’autonomie sur les gestes techniques qu’on ne fait pas forcément à l’école. C’était vraiment ça l’idée. L’internat qu’on a fait avait aussi des avantages avec des semaines de nuit assez régulièrement mais aussi des semaines de vacances assez régulièrement ce qui n’était pas déplaisant 😉 

Que retiens-tu de cette expérience ? 

J’en tire un bon retour. Oui les gardes c’est un peu pénible, on est tout seul, c’est dur. Là franchement je n’aime plus faire des gardes maintenant ! Mais sur la première année ça permet quand même d’acquérir de l’autonomie. On se dit voilà là j’ai pas le choix je suis toute seule et il faut que je fasse tel ou tel geste technique. Je pense que c’est une manière de prendre (ou pas selon notre caractère) un peu confiance en soi. Il faut prendre des décisions tout seul, on a pas bien le choix ! 

Je conseille à tous les jeunes s’ils ont la possibilité de faire des gardes, ça apprend pas mal de choses, la débrouillardise, savoir gérer avec le client quand on est tout seul etc… Je le conseille, même s’il y a des choses désagréables liées aux gardes : le fait d’être tout seul quand on aime bien travailler en équipe… Quand on est tout seul, tout est forcément plus compliqué ! Il faut par exemple bien penser à tout sortir sur sa table avant de se mettre en stérile sinon après on n’y arrive plus … C’est plein de petites choses sur lesquelles au début on va faire des erreurs et puis avec les mois qui s’enchaînent finalement on acquiert de plus en plus d’aisance. Je pense que pour la suite des années ça peut être un bon tremplin, un bon début !

Et alors finalement, le retour à l’école ? 

Oui, moi c’est un petit peu particulier. Au cours de l’internat privé, on travaillait dans une équipe avec pas mal de jeunes. Parmis ces jeunes salariés il y en avait notamment deux qui avaient fait un internat public. Je me disais “franchement ils sont trop forts”. J’ai donc décidé au cours de cette année de postuler pour l’internat public. Au niveau pratique, de faire des gardes, les gestes techniques je savais les faire mais j’avais l’impression qu’au niveau théorique je n’avais pas poussé autant que je l’aurais voulu. Ce qui m’intéressait vraiment c’était de retourner dans un cursus universitaire pour approfondir la théorie dans les domaines qui me plaisaient (la médecine, l’imagerie, les urgences…). Donc voilà pas tant pour la pratique mais pour apprendre une démarche hyper cadrée qui me manquait un petit peu dans le privé. 

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le concours de l’internat public ? 

Le concours de l’internat se prépare assez tôt dans l’année, il faut donc avoir une idée assez tôt. La date de clôture des dossiers, si ça ne change pas, c’est environ fin décembre. Il y a une première sélection sur dossier dans lequel il faut rassembler des choses standards (les notes tout ça …). Ensuite, il y a un concours écrit qui se tient mi-mars sur des questions diverses. Il y a beaucoup de théorie et c’est assez poussé. C’est vraiment du bachotage avec quand même des questions qui retombent assez souvent. Ça permet de réviser assez largement toutes les matières ce qui remet un peu au point au niveau des connaissances. Une fois l’écrit passé, on passe au niveau des oraux qui se tiennent le plus souvent à Nantes. Lors de ces oraux tout est un peu passé en revue : le cursus, le parcours… Ensuite, un classement est établi sur la synthèse des notes (oral, écrit et dossier). Selon l’ordre de classement on a nos choix prioritaires pour les écoles. 

Toi, personnellement, comment t’es tu préparée à ce concours ? 

Je pense que ce qui m’a forcément aidé c’est d’avoir déjà fait de la pratique en révisant le concours. Il y a des questions qui sont très très théoriques mais il y a des questions avec un petit fond de pratique et en réfléchissant en mode “qu’est ce que j’aurais fait dans la pratique ?” on a souvent les bonnes réponses. 

Après, moi j’ai vraiment repris mes cours de sémiologie, médecine de 3ème année… J’ai fait une première fois les annales pour voir quel genre de questions tombaient. Et ensuite j’ai révisé en conséquence. Au final, j’ai révisé en faisant beaucoup beaucoup d’annales… J’étais plutôt bien classée donc visiblement ça a suffit 😉 

Comment as-tu choisi l’école de ton internat ? 

Alors mon choix, pour être vraiment franche… Comme j’avais fait de la pratique avant je voulais un internat sans stress, sans pression du retour à l’école. On sait que l’école c’est quand même très cadré, il y a beaucoup de hiérarchie… On peut vite se prendre des soufflantes quand le travail n’est pas fait de la manière souhaitée. Je voulais donc une école tranquille. Nantes s’est imposé. Ça ne veut pas dire que c’est une école de …. (biiip) hein (où on ne fait rien quoi). Mais c’est vrai qu’il n’y a pas de résident donc il y a moins de hiérarchie. L’interne est directement sous les AH (assistants hospitaliers) et je trouve que les profs sont assez proches des étudiants. C’était assez agréable. 

Franchement ce que je vous conseille, c’est si vous avez fait vos 5 années dans une école, changez d’école pour l’internat. Il y a plusieurs manières de faire, il n’y a pas une seule bonne réponse pour un cas et ça fait donc voir d’autres manières de faire. Ca apprend à s’ouvrir un peu à ce que d’autres font … Je pense qu’à l’école on a beaucoup tendance à juger le travail des autres alors que non il n’y a pas qu’une médecine ou qu’un type de chirurgie à faire. Apprendre l’ouverture d’esprit c’est important donc je vous conseille d’aller voir autre chose ! 

Avec le recul, quels ont été les bénéfices de cet internat public ? 

Comme je l’ai dit c’était surtout pour travailler la théorie et j’en ai vraiment profité ! Il y avait des domaines qui ne m’intéressaient pas donc je n’ai pas trop poussé sur ces domaines là mais vraiment sur les domaines qui m’intéressaient j’ai repris une démarche diagnostique et j’ai repris les bons réflexes de l’école en faisant les choses de manière complète. J’ai vraiment l’impression d’avoir repris les bonnes habitudes de l’école et ça me sert au quotidien. 

Et maintenant que fais-tu ? 

Maintenant je travaille dans une structure privée du côté de Perpignan, qui est assez grande. On est pas mal de vétérinaires et tout le monde a son domaine de prédilection. Moi je n’aime pas du tout la chirurgie donc je n’en fais pas, à part vraiment quand il y a besoin, en urgence. Sinon je ne fais que de la médecine, médecine générale et médecine interne, un petit peu d’imagerie et des urgences quand il y a besoin. 

Te sens-tu bien dans ton boulot de véto ? 

Oui, je me sens bien ! J’ai la chance d’être dans une structure avec une très bonne ambiance. On est nombreux, il peut y avoir des petites frictions, des choses comme ça mais l’ambiance est bonne. La qualité de travail est vraiment bonne. On est sur 35 heures avec un salaire (ça compte aussi !) qui est bien, majoré sur la convention. On a aussi beaucoup de matériel donc c’est agréable de travailler. On sait qu’on a les moyens, on peut mettre à disposition beaucoup de choses pour les propriétaires. Le fait d’être dans une grosse équipe avec chacun son domaine de préférence permet aussi d’avoir toujours un avis pour nous aider. Du coup je fais des prises en charges qui me semblent correctes et c’est important de sentir qu’on fait du bon travail. Ça aide à apprécier ce qu’on fait ! 

Un dernier conseil qui te tient à cœur pour de jeunes vétos ? 

Trouvez la clinique où vous êtes bien ! S’il y a une clinique où vous n’êtes pas spécialement bien il ne faut pas vous dire que forcément c’est vous le problème ! Le problème n’est pas  forcément vos collègues non plus mais par exemple s’il n’y a pas le matériel que vous souhaitez ou les compétences que vous souhaitez, il faut chercher autre chose. 

C’est sur qu’il faut être un peu flexible… soit sur le salaire, soit sur la localisation mais vraiment cherchez l’emploi qui vous convient. Si ça ne vous convient pas, n’hésitez pas à vous ouvrir à autre chose. 

Merci Marine ! 

Si vous avez d’autres questions pour Marine, n’hésitez pas à les poser dans les commentaires. Nous ferons éventuellement une seconde interview avec vos questions si nécessaire. 

 

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