Surprise, surprise …

Nous sommes vendredi et aujourd’hui je suis en chirurgie pour la matinée ! J’aime bien. J’apprécie d’avoir ces moments, seule avec une assistante, qui changent de la routine des consultations. C’est un autre tempo, une autre organisation et c’est moi qui décide. J’ai aussi moins à faire la conversation, bien que j’adore aussi papoter avec mon ASV ! 

Ce jour-là, le programme est light : parfait ! On pourra faire une pause café/thé entre deux chir c’est encore mieux 😉 ! 

Au programme donc : deux castrations de chien et une coloscopie (faite par mon collègue, je suis aide pour cet examen). 

Je commence par une première castration. C’est un Samoyède de 2 ans, magnifique et très gentil, mais olala … la quantité de poils ! On se dit clairement avec mon ASV qu’on ne pourrait pas avoir ce chien chez nous. La moindre tonte est une épreuve ! Et je ne vous parle même pas de la pose des scotchs pour le cathéter. Bref, après une dizaine de minutes, le chien a sa voie veineuse et est pré-médiqué. L’ASV commence la tonte (à la recherche des testicules et de la peau parmi tout ces poils). La chirurgie se passe bien et le chien se réveille tranquillement. 

Il me reste une seule chirurgie avant l’arrivée de mon collègue pour la coloscopie. Je suis laaaaarge. On se fait donc une petite pause. J’adore aussi ces moments et je pense qu’ils sont essentiels au bon fonctionnement d’une équipe. On parle de tout et de rien, de nos vies perso, un peu du boulot, et on rigole, beaucoup ! Je pense aussi que c’est essentiel pour gérer la pression et le quotidien pas toujours rose. 

Allez nous voilà parties pour la deuxième castration ! C’est un Cavalier King Charles. Je découvre le dossier et examine le chien. Ah … on ne m’avait pas dit que c’était une castration sur testicule ectopique ! Première surprise ! Ma fois je palpe et cherche en position inguinale… rien ! Ah … serait-il abdominal ?! Mmmh ça me fait tout de suite un petit peu moins rire car je n’ai jamais opéré de testicule ectopique abdominal. Et puis ce n’est pas le même temps chirurgical, moi qui pensais être large dans les temps ! Bref à force de chercher je me rend à l’évidence, ce testicule est abdominal ! Mmmmh petit pic d’adrénaline… On est partiiii, hop hop hop on se met vite à la préparation (cathéter, pré-med, tonte …). Pendant que ma super ASV adorée Marie tond le chien je file dans le bureau d’une de mes collègues, à la recherche d’un petit coaching accéléré ! Ni une ni deux elle me détend et m’explique sa technique. C’est ça aussi la force d’une équipe 🙂 Trouver des ressources là où parfois toi tu n’en as pas ! Me voilà partie en chirurgie et tout se passe bien. Ma collègue passe me voir de temps en temps. Je finis finalement cette chirurgie dans les temps et nous pouvons passer à la coloscopie, à l’heure prévue !

Aaaaah la coloscopie… ce moment de poésie ! Avant ça nous sommes passé par 24h de préparation et l’administration d’un laxatif osmotique … Ce chien n’en peut plus de nous voir arriver pour lui faire boire la préparation… mais il reste adorable, c’est un champion ! Nous partons donc à l’exploration de son côlon et nous réalisons des biopsies. Cet examen nous permettra de mettre en évidence une colite chronique lympho-plasmocytaire (C’est le cas clinique de Donald sur @dr_pops_vet) 

L’après midi je suis de consultation. Je revois plusieurs de mes suivis. Certains, que je suis depuis peu, demandent à passer avec moi. C’est une nouveauté pour moi, n’étant jamais resté très longtemps dans une clinique avant ça. C’est un paramètre un peu à double tranchant. Clairement, quand on demande à passer avec toi, c’est flatteur. La plupart du temps, c’est des gens (et des animaux) avec qui tu as eu un bon feeling et avec qui tu prends plaisir à échanger sur la santé de leur animal mais aussi sur d’autres sujets. Parfois c’est des gens avec qui tu n’as pas spécialement accroché mais qui visiblement ont apprécié ta démarche, tes explications (ou juste ta tête ahha). 

Le revers de tout ça c’est qu’il faut apprendre à dédramatiser quand, à l’inverse, quelqu’un que tu as vu récemment demande à passer avec un autre véto, voire pire, demande à ne plus passer avec toi. Ça pique un peu on est d’accord. C’est d’autant plus déstabilisant lorsqu’on est jeune véto et que l’on doute, soi-même, énormément. Il faut travailler sur l’idée qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, ça ne remet pas en question nos capacités et notre valeur. C’est un long travail (et j’y bosse encore !) 

Parmi mes consultations de l’après-midi, je reçois une petite am’staff de 9 ans. Elle est fatiguée depuis 48h, avec une aggravation ces dernières 24h. Le propriétaire pense à une crise d’arthrose. A l’examen clinique, je n’ai rien de particulier, à part peut être un léger inconfort abdominal. Je propose tout de même de réaliser une A-FAST. Et là … à ma grande surprise, un épanchement abdominal, en quantité moyenne. Je trouve une fenêtre pour le ponctionner … Ouch… ça ressemble à du sang … Les analyses le confirment très vite. Pendant ce temps je prolonge l’échographie, et examine la rate … elle est là, la masse qui saigne … Je déteste ces consultations. J’en ai connu environ une dizaine depuis ma sortie de l’école, principalement lorsque je travaillais en service d’urgence et quelques une depuis que je consulte de jour. Parfois, les gens se doutent que c’est grave : le chien arrive en état de choc, en décubitus latéral et très faible. Mais parfois, comme ici, c’est juste un chien qui est un peu fatigué depuis quelques jours … Je vais devoir annoncer à son propriétaire qu’il présente un saignement abdominal actif, que c’est une urgence chirurgicale, et qu’il y a de fortes chances pour qu’il présente une masse splénique tumorale (même si, nous sommes bien d’accord, pour le moment toutes les autres causes, ne sont pas exclues). Ça fait beaucoup, vraiment beaucoup pour quelqu’un qui pensait à de l’arthrose. C’est toujours des consultations où les propriétaires se demandent “comment ?” comment est-ce possible que je n’ai rien vu avant ? Ce sont des consultations où le dialogue est primordial : pour expliquer, donner des indicateurs, des chiffres, aiguiller, présenter les principales hypothèses, les prises en charge, épauler et rassurer. 

Pour cette petite chienne, nous nous reverrons deux fois, à 12h d’intervalle, car le propriétaire avait besoin de temps pour digérer tout ça. Finalement, la chirurgie n’est pas envisagée. Alors nous mettons ensemble en place une prise en charge palliative, de soutien. Elle reviendra finalement 10 jours plus tard, pour une procédure de fin de vie…

La consultation suivante est une première visite chiot ! Et oui, c’est étrange cette transition hein ? ça pique ? Oui car en réalité, dans la vraie vie, il n’y a pas de transition ! Nous ne cessons de passer de consultations difficiles à des consultations de routine. Ça demande de prendre beaucoup sur soi, car l’animal et le propriétaire suivant n’ont pas à pâtir de la tristesse de la consultation précédente. Parfois, c’est très difficile, et je me permets de prendre quelques minutes pour boire un thé ou papoter avec mes collègues, avant de repartir. 

La journée se termine et avec elle se dessine un petit week-end off. On ne va pas penser au travail, enfin, on va essayer 😉 ! 

Pauline

Appel à témoignages : Ces articles dont vous êtes le héros ! 

A partir d’aujourd’hui, nous vous proposons de vous aussi, nous raconter vos 24h chrono ! Que vous soyez étudiant (avec une pratique clinique), jeune véto ou moins jeune véto, votre quotidien nous intéresse et intéresse un grand nombre de nos lecteurs ! Chaque pratique étant différente, nous pensons que cette rubrique peut devenir d’autant plus intéressante grâce à vos témoignages ! 

Alors à vos claviers, voici les consignes : racontez-nous une de vos journées ! La publication peut être anonyme ou bien signée d’un pseudo ou de votre nom complet selon vos souhaits. Envoyez-nous l’article en format word, pdf ou tout simplement dans le corps du mail sur contact.vetside@gmail.com 

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